Avenir de la DGAC : version la cigale et la fourmi

Suite au courrier intersyndical du 11 juin ainsi qu'à notre courrier du 2 juillet adressés au Directeur Général et demandant la reprise du dialogue social à la DGAC, les organisations syndicales ont été conviées à échanger avec le directeur, mais séparément. La délégation CFDT a été reçue le 7 juillet. 

La cigale ayant chanté tout l'été...

La cigale DGAC finance ses coûts par un budget annexe lui même financé par les taxes et redevances de l'aviation civile. La croissance continue du trafic a permis à la DGAC de vivre un train de vie plutôt confortable et de se montrer généreuse en terme de primes et de conditions de travail pour ses personnels. 

... se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue...

Mais ça c'était avant. Avant que le Covid ne débarque et vienne chambouler ces belles prévisions de croissance et de revenus infinis. Le trafic et les recettes associées en ont pris un sacré coup dans l'aile, laissant un trou dans le budget annexe qui ne permet plus de financer nos dépenses. 

...Elle alla crier famine, chez la Fourmi sa voisine, la priant de lui prêter quelque grain pour subsister

La cigale DGAC s'en est donc naturellement allée vers sa voisine la fourmi de Bercy. Celle-ci, étant donné les circonstances a bien voulu pour une fois être prêteuse. Elle lui a donc accordé un emprunt de 1,25 milliards pour terminer l'année 2020 qui sera complété par un autre emprunt pour 2021 (pour atteindre 2.7 milliards de dettes). 

Eh bien dansez maintenant !

Mais la fourmi de Bercy espère bien que cet emprunt soit remboursé. Pour cela elle demande des gages. Et notamment que la cigale DGAC se mette au régime sec pour montrer qu'elle ne continue pas de brûler la chandelle par les deux bouts. 

 

Voilà dans les grandes lignes ce que nous a conté le Directeur Général, mais de manière beaucoup moins poétique bien évidemment. Il énumère ensuite rapidement la liste des économies courantes (déplacements, voitures, formations, subventions à l’aviation légère et associatives...) et structurelles (rationalisation de l'action sociale, des fonctions supports, fermeture des bases aériennes...) à réaliser. 

Mais il ne parvient pas à convaincre lorsqu'il maintient le système dit d'expérimentations, censé permettre à un trafic trop important de passer coûte que coûte, au prix alors de la dégradation annoncée des conditions de travail de tous les ICNAs. Coût de l'opération : 15 millions d'euros par an pour 1700 contrôleurs aériens concernés (sur un total de plus de 4000), alors qu'il affirme par ailleurs que "personne ne nous pardonnerait de ne pas faire d'économies" compte tenu de la situation de l'aérien... Chacun appréciera la cohérence.

Un protocole censé être à l'arrêt depuis mars

Selon les mots de ce même DG en mars, le protocole social est censé être suspendu "sine die". Suspendu certes, mais apparemment pas les mesures proposées alors par l'administration. Car depuis mars et le prêt de la fourmi, la cigale cherche à économiser, même si c'est sur des bouts de chandelle comparé à l'endettement total qui atteindra on le rappelle 2,7 milliards fin 2021. 

Lors de la crise du Covid amenant désorganisation du travail et du dialogue social, la DGAC a ainsi profité du boulevard qui s'est ouvert devant elle pour avancer seule sur un certain nombre de sujets :

  • DSNA : un CT a été convoqué en juin reprenant de nombreux sujets protocolaires sans aucune négociation préparatoire. Jugeant la méthode autoritaire et précipitée, ce CT a été boycotté de manière exceptionnelle par les représentants CFDT pour les raisons évoquées plus haut (nous sommes censés faire des économies). Consultez ici notre déclaration à ce sujet. Malgré cela, la DSNA a reconvoqué un CT 7 jours plus tard, sans changer une seule ligne à son projet. Ce CT a également été boycotté. 
  • Action sociale : l’adjoint de la SG annonce que la solution à l’abondement de la ligne Solidarité de la MGAS est la réduction à due concurrence de la ligne Action sociale collective. Le budget action sociale se trouve subitement amputé de 600 000 euros

  • Services supports : les hiérarchies locales demandent à l’ensemble des agents d’intégrer d’ores et déjà les réorganisations discutées sans avoir abouti il y a quelques semaines.

  • AVE des ouvriers d’état s’occupant d’informatique de gestion non publiés (ouvrant donc la voie à l'externalisation de ces activités), et fermeture des AVE dans les services considérés par l’administration comme devant être restructurés.

  • Les primes COVID ont été distribuées sans que les règles d’attribution n’aient fait l’objet de discussion avec les organisations syndicales, au mépris des règles de dialogue social institutionnel. Ceci alors même que la Secrétaire Général nous annoncait en mai ne pas avoir ni l'argent ni les critères pour leur répartition. 

  • BRIA du Bourget : La fermeture temporaire de ce service pendant 3 mois a posé de nombreuses difficultés notamment par la reprise de la charge de travail au niveau du BNIA de Bordeaux. Lors de la réunion de réouverture début juin, la hiérarchie a toutefois eu la bonne idée d'annoncer aux agents la fermeture "définitive" à une échéance plus ou moins proche. Fermeture qui n'a toutefois fait l'objet d'aucune concertation et doit être revue selon notre point de vue à la lumière de l'épisode Covid. 

  

Vers un retour à un vrai dialogue social ?

En outre la crise du Covid-19 a fait apparaître des attentes et des idées nouvelles chez les personnels, parfaitement compatibles avec un exercice de leurs fonctions, et un objectif de qualité de vie au travail, améliorés. Ces sujets doivent également faire l'objet de consultation : 

  • Télétravail : un vrai télétravail, amplifié, élargi, mais de manière professionnelle et non un télétravail d’urgence

  • Horaires variables à négocier par service. La CFDT demande à l’administration d’organiser une consultation, à Paris pour commencer. Combinés au télétravail, les horaires variables peuvent constituer un complément appréciable au regard des difficultés liées aux transports en commun.

  • Outils de concertation à développer comme les groupes de paroles pour implication des personnels, notamment mais pas que dans les phases de réorganisation

  • Moyens pour mobiliser les personnels : notamment des mesures statutaires pour des évolutions des carrières.

Pour la CFDT, la période post-Covid peut certes justifier certaines rationalisations, mais elle doit aussi être l'occasion d'une harmonisation et d'une mise à niveau en vue d'une plus grande équité entre personnels qui contribuent et continueront de contribuer tous au bon fonctionnement du système.

Car si elle veut réussir des réformes structurelles ambitieuses, la DGAC ne peut le faire qu'avec l'implication de ses personnels.

Il semble que dans un sursaut de conscience sociale et après forte sollicitation des organisations syndicales, la DGAC ait amorcé un virage et un pas vers un retour à la négociation avec ses personnels.

De cela, la CFDT attend des signes tangibles.

Or la précipitation et le manque de transparence ne sont certainement pas les meilleures bases pour retrouver une relation de confiance et constructive.

C'est le message qui a été transmis aux Directeurs (DG, SG, DSNA, DSAC, DO) présents lors de cette bilatérale.

Le Directeur Général s'est engagé de son coté à remettre en marche un dialogue social constructif à la rentrée et améliorer la communication interne envers les personnels.

Objectif : revenir encore meilleurs... en 2024 !

 

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