Télétravail et congés imposés : est-ce bien compatible ?

Le 28 avril 2020

Avec l'ordonnance 2020-430 du 15 avril 2020 imposant des congés aux agents en ASA (autorisation spéciale d'absence), la pilule était déjà difficile à avaler comme expliqué dans notre précédent article à ce sujet (cliquez ici pour le consulter)

Mais encore plus fort, la DGAC a annoncé lors du dernier CT du 22 avril (compte-rendu disponible ici) vouloir imposer aux agents en télétravail des congés, alors même que l'ordonnance évoque seulement cette possibilité (sans l'imposer)...

En introduction de ce même CT, le Directeur Général a par ailleurs remercié les personnels pour la qualité de leur travail et leur engagement, et a indiqué que la mise en place de télétravail massif s'était bien passée (contre toute attente ?). 

Rappelons que ces agents sont partis chez eux avec leurs dossiers sous le bras et, depuis leur ordinateur portable parfois personnel, font tourner la machine administrative depuis 6 semaines tant bien que mal.

Rappelons aussi que certains agents ont accepté le télétravail plutôt que l'ASA alors qu'ils avaient leurs enfants à garder. Par conscience professionnelle, pour faire avancer leurs dossiers comme ils le peuvent et ne pas se trouver submergés à leur retour. Doivent-ils donc se mettre en ASA pour ne pas être sollicités, ce qui lreviendrait finalement au même concernant la suppression de jours de congés ?

Vous êtes également nombreux à nous avoir indiqué que votre charge de travail n'a pas baissé lors du passage en télétravail, bien au contraire. De plus, après plusieurs semaines de télétravail, il devient de plus en plus difficile de faire la limite entre 'le travail' et 'la maison', les horaires sont plutôt à rallonge. Le télétravail n'est selon nous pas du repos et doit bien être consideré comme du travail.

Quelle est donc la logique à vouloir imposer des congés aux agents en télétravail ?  

Notre administration ne fait visiblement pas vraiment de différence entre être en ASA et en télétravail. Le télétravail ne serait-il pas vraiment du travail ?... Ou bien si elle considère que le télétravail est bien du travail, les agents ne sont-ils pas assez responsables pour poser des congés lorsqu'ils en ressentent le besoin ? 

Dans tous les cas, quel bel hommage et remerciement de la DGAC à ses personnels en effet ! 

En outre, le non respect de l'ordonnance apporte de la confusion car en l'absence de consignes claires les chefs de service s'en rapportent au texte qui n'impose pas de congés pour les agents qui télétravaillent. On peut donc s'attendre à de nouvelles inégalités de traitement entre ceux qui vont appliquer les consignes de la Direction et ceux qui vont appliquer l'ordonnance sans imposer de congés en cas de télétravail...

D'autres exemples d'application plus souple de l'ordonnance 

Suite à la parution de cette ordonnance, les personnels de Météo-France ont été placés en télétravail, ce qui permet normalement de s'affranchir des congés imposés aux personnels...

La Caisse des dépôts de son côté, pour éviter un tsunami de congés à la fin du confinement, a décidé de prendre en compte dans le calcul les congés pris par les agents depuis le 1er janvier...

 

Le SPAC-CFDT, opposé à cette ordonnance injuste et totalement contre-productive, demande à la DGAC de ne pas être plus royaliste que le roi et de ne pas imposer de congés aux télétravailleurs.

Les congés, en cas de télétravail, doivent être pris à la demande de l'agent et validés par le supérieur hiérarchique et pas l'inverse !

La DGAC a besoin de toute la coopération et la confiance de ses agents afin de pouvoir reprendre ses activités lors du déconfinement. L'application de ces mesures est loin de créer le bon climat pour une reprise sereine et progressive le mois prochain.

 

Le Bureau Syndical du SPAC-CFDT