La DGAC c’est nous, donc c’est toi aussi !

Le 27 mai 2020

Alors que les premiers signes de déconfinement se font jour, laissant le monde de l’aéronautique très affaibli, il est temps pour la CFDT de tirer de premières leçons de la période que nous venons de vivre, à la mesure des moyens d’une organisation syndicale qui ne prétend nullement détenir la vérité avec un grand « V », mais qui se veut pragmatique et respectueuse des personnels qu’elle représente. 

Personne ne peut affirmer aujourd’hui qu’une autre crise de nature similaire ou une deuxième vague de l’actuelle crise ne va pas frapper le monde, il convient donc d’adapter le fonctionnement de notre administration pour lui permettre de faire face dans des conditions acceptables pour les personnels qu’elle emploie.

La confiance dans ses personnels : un retour d’expérience s’impose pour la DGAC (et au-delà)

Dans les mois qui ont précédé la crise sanitaire COVID-19, la DGAC était en train de tordre le bras des personnels opérationnels et support lors de négociations protocolaires où la productivité était au centre de toutes les discussions. Quelques jours plus tard, elle intimait l’ordre de maintenir un haut niveau de service, alors que l’urgence sanitaire imposait au contraire de limiter le nombre de présents sur le lieu de travail afin de contenir les risques de propagation du virus.

En opérationnel, c’est par l’intervention des OS, notamment la CFDT, que les PCA ont été adaptés dans chaque service pour diminuer drastiquement le nombre de présents et en imposant des tours de service les plus étanches possibles. Les responsables opérationnels (Chefs de Tour, Chefs de Salle, superviseurs opérationnels) ont été les garants d’un service à la hauteur de la demande, tout en limitant le nombre de présents au strict nécessaire.

Les personnels présents sur site, quelque soit leur corps d’appartenance, quelque soit leur service, quelles que soient leurs missions, ont fait preuve d’un grand professionnalisme dans ces conditions exceptionnelles. Personne ne s’est retranché derrière l’argument sanitaire pour ne pas assurer ses missions.

Les représentants SPAC CFDT ont également pris leurs responsabilités dans cette crise, en défendant au mieux les intérêts sanitaires, sans oublier les enjeux de maintien du meilleur niveau de service au regard de la situation. L’équilibre est fragile mais nous continuerons de veiller à le maintenir, dans l’intérêt de tous.

Le secteur aérien va connaître une lente reprise, pour ne pas dire reconstruction. La sauvegarde d’Air France par l’Etat ne s’est pas faite sans exigences en contrepartie. L’environnement va être cœur des enjeux de demain, bien avant la performance. Une grande partie de nos efforts vont être recentrés également sur cet objectif de « performance environnementale ». La CFDT a toute sa place dans cette transition vers un nouveau modèle.

La DGAC doit aujourd’hui reconnaître qu’elle peut faire pleinement confiance à ses personnels pour gérer tout type de situation, y compris en temps de crise. Les marques de défiance doivent cesser et la confiance doit être rétablie sans attendre. Pas seulement par des mots, les actes doivent le prouver.

Le télétravail : un développement à confirmer, amplifier, et à consolider

De nombreux agents de la DGAC ont dû être affectés en Autorisation Spéciale d’Absence plutôt qu’en télétravail faute de matériels adaptés, et ce malgré l’extraordinaire dévouement des personnels : les services informatiques ont été mis sous pression pour permettre l’accès distant aux données, certains agents sont partis chez eux avec  le matériel informatique fixe sous le bras afin de pouvoir travailler, un système D s'est développé pour permettre le fonctionnement des services parfois avec son propre matériel, les visioconférences et autres audioconférences se sont organisées, les tablettes se sont aussi transformées en postes de travail, avec usage d'imprimantes, de papier et d'encres personnels, sans parler des heures de travail qui se sont démultipliées...

Cette situation montre, s’il en était besoin, le retard pris par notre administration sur ce dossier du télétravail.

Ce n’est pas étonnant : alors que dès 2007, la CFDT appelait la DGAC à généraliser la possibilité pour les agents d’accéder à un tel mode d’organisation du travail, il a fallu attendre le Protocole social de 2016 pour que la DGAC consente à avancer sur le sujet.

En outre, sur la question de la mise en œuvre des VPN, qui ne date pas d’hier pour les grandes entreprises et grandes administrations, la DGAC a tardé à mettre les effectifs et les investissements nécessaires sur de tels projets pour les fonctions bureautiques. En conséquence, on peut dater le début du déploiement des VPN dans quelques services à décembre 2019.

Rien d’étonnant à ce que face à une crise sanitaire majeure nécessitant le confinement de la population, tandis que de nombreuses entreprises n’éprouvaient aucune difficulté à mettre l’ensemble de leur personnel ou presque en télétravail, la DGAC ait dû compter sur le dévouement, l’inventivité et les moyens personnels des agents pour pouvoir recommencer à fonctionner.

Cette question de l'organisation du travail révèle également tout l'intérêt de la question des horaires variables pour les personnels travaillant à horaires de bureau. Mis en place de manière informelle dans un certain nombre de services, notamment centraux, pour éviter la surcharge des transports en commun, ce mode d'organisation du temps de travail intéresse de nombreux agents. La CFDT rappelle qu'elle souhaite que sur ce dossier là aussi, la parole soit donnée aux personnels lorsqu'ils le souhaitent.

Et le télétravail à la DSNA, on en parle ? 

Sans les prises d’initiative locales de tous les services, y compris en interne DSNA où le télétravail était INTERDIT sur les sites dits « opérationnels », la DGAC aurait passé 2 mois à l’arrêt complet. Ce sont les agents eux-mêmes, sans attendre les consignes DGAC, qui ont sollicité leurs services supports pour organiser le télétravail.

La CFDT attend une prise de position immédiate de la DGAC et de la DSNA pour reconnaître que le dogme « pas de télétravail chez nous » était une erreur, voire une aberration, et le rendre possible, partout où il est utilisé aujourd’hui et plus largement partout où il peut être déployé au sein de la DGAC.

Sans télétravail, TOUS les grands projets et programmes seraient à l’arrêt. C’est loin d’être le cas  et il convient donc qu’un plan clair soit établi et présenté aux organisations syndicales de la DGAC dans les prochaines semaines pour garantir :

  • La possibilité d’un accès au télétravail à tous les agents qui en manifesteraient le souhait, c’est à dire la mise à disposition du matériel ad hoc, l’achat de licences VPN en nombre suffisant, et un plan de déploiement lisible et ambitieux.
  • La normalisation de l’usage de moyens distants, comprenant des garanties claires en matière de conditions de travail : garanties sur le nombre d’heures travaillées, respect des cycles de travail, droit à la déconnexion, compensations en cas d’usage de matériel personnel. 
  • L’accélération de la mise en place de procédures « Zéro papier », de l’accès aux applications métier, et priorité au déploiement de celles dont le développement n’est pas achevé.

La concentration des activités : une fausse bonne idée ?

La France ne peut pas se permettre de concentrer l’ensemble de la gestion d’une de ses activités aériennes autour d’un seul pôle. Le risque est manifestement trop grand, en cas de situation critique, que l’ensemble du système ne s’effondre faute de solution de repli.

Nous avons assisté ces dernières années à un mouvement de concentration de nombreuses activités à la DGAC, au motif d’une amélioration des moyens informatiques mis à la disposition des services et de la puissance de calcul de leurs outils.

C’est ainsi que la fermeture progressive des BRIA au bénéfice du déploiement d’une seule entité localisée sur le BNIA de Bordeaux a retenu l’attention de nos décideurs. Les perspectives d’économies d’effectifs et de moyens matériels sont évidemment à l’origine de ces décisions.

On se rend bien compte aujourd’hui que l’existence même des BRIA du Bourget et Ajaccio apparaît  comme une chance inouïe : cela représente une capacité de traitement des informations et un “back-up” indispensable en cas d’épidémie lorsqu’un service vital est touché. C’est le principe du “fail-safe” bien connu dans le monde aéronautique : si un élément de la chaîne devient défaillant, il faut que le système soit conçu pour y survivre…

Cette chance, il ne faut pas la faire disparaître d’une signature au bas d’une décision prise sur un coin de bureau : ces 2 entités doivent être confirmées dans le temps et jouer pleinement leur rôle d’entités excentrées du BNIA, intervenant au quotidien sur leur champ propre, et prêtes à intervenir à tout instant en cas de défaillance.

Il en est de même de plusieurs activités critiques pour la vie des services : 

Le maintien de services de maintenance régionaux, là où la tendance est à la concentration en quelques pôles multirégionaux. 

De même, la concentration géographique des compétences RH a pu paraître pertinente d’un point de vue économique. Mais disposer d’un léger remaillage ne serait pas de trop pour ne pas vivre à la prochaine crise ce que les services de paie de l’Etat ont connu : l’obligation d’une réplication simple des salaires du mois précédent faute d’accès aux outils : que se serait-il passé en cas de durée plus importante des événements sanitaires ? 

Concernant le service du contrôle, la robustesse prônée par la DSNA n'es certainement plus dans le regroupement de tous les contrôleurs dans des RTC ou des aprroches centrales. La division actuelle de l'espace a présenté le double avantage de sa gestion possible par de petits effectifs (solo ou binôme) et de limiter l'impact sur le service rendu en cas de fermeture.

Plus anecdotiquement, la concentration de décideurs dans un même lieu, en l’occurrence le siège de la DGAC, a contraint le cœur de la DGAC à partir vite, loin et longtemps pour éviter toute propagation du virus dans le haut encadrement, laissant les personnels restant sur place avec un profond sentiment d'abandon.

La concertation avec les organisations syndicales : une nécessité

L’absence de Plan de Continuité de l’Activité (PCA) solide a contraint les services de la DGAC, avec des outils de fortune, à travailler sur la capacité de la DGAC à rendre le service.

Par chance, si l’on peut dire, toute l’activité aéronautique s’étant effondrée, les services ont pu compter sur les compétences locales, tant managériales que syndicales, pour mettre en place les procédures adéquates.

Puis progressivement, ces éléments d’organisation sont remontés au niveau national, et ont pu contribuer à la production d’une doctrine harmonisée. 

Consolider, à la lueur de l’expérience acquise, le Plan de Continuité de l’Activité DGAC dans ses différentes composantes, et à ses différents niveaux, en y associant les représentants des personnels dans une démarche de co-construction, est un impératif pour la CFDT, à chaque niveau pertinent. Le publier ensuite afin que tous les salariés puissent en disposer, une simple évidence.

 

Sécurisation des compétences en renonçant aux mirages de la concentration à tout crin, travail formel et collectif autour des Plans de Continuité et de Reprise de l’activité, généralisation des moyens de télétravailler pour tous les métiers le permettant...

On le voit, dès aujourd’hui des décisions simples peuvent être prises, qui tiennent compte des événements récents, sans a priori et avec à cœur la capacité de l’outil DGAC à assurer au mieux ses missions.

L’occasion de réfléchir ensemble au présent, et à l’avenir.

 

Et pour commencer, n'hésitez pas, répondez à l'enquête CFDT

sur les conditions de reprise en cliquant ici

 

 

 Le Bureau Syndical du SPAC-CFDT 

 

N'hésitez pas également à nous contacter par téléphone et mail : 

01.58.09.45.55